Pendant un mois et demi, j’ai parcouru le Togo aux côtés de ma partenaire pour réaliser un photo-reportage dans le cadre de la création du Musée du Vaudou à Lomé et de sa communication. Ce voyage nous a menés au cœur des rites et traditions de la croyance vaudoue, à la rencontre des prêtres, des lieux sacrés et des communautés qui perpétuent cette pratique ancestrale.
Nous avons assisté au plus grand festival annuel vaudou, à la frontière du Benin, capturant l’intensité des cérémonies et la ferveur des croyants. À travers interviews et immersions, nous avons cherché à contextualiser la diminution progressive de cette religion animiste dans un pays où la spiritualité occupe une place prépondérante.
L’un des objectifs majeurs de ce reportage était de déconstruire les préjugés souvent dramatisés autour du vaudou, en explorant ses origines, ses applications et son rôle dans la société togolaise. Au-delà du spirituel, cette pratique soulève des enjeux sociaux, économiques et environnementaux essentiels, que nous avons tenté de mettre en lumière à travers nos images et nos récits.
Les rituels vaudous, à la fois fascinants et controversés, se distinguent par une symbolique riche et une esthétique saisissante. Ils incluent des pratiques telles que la scarification rituelle, le sacrifice animal et l'usage du vaudou comme alternative à la médecine traditionnelle. Ce dernier aspect s'explique en grande partie par le manque de ressources médicales, d’infrastructures adaptées et de professionnels de santé qualifiés, une réalité qui touche de nombreuses régions du pays. Ces pratiques, ancrées dans la culture et la spiritualité locales, soulèvent ainsi des questions profondes sur leur impact social et leur place dans la société contemporaine.
Mais elles représentent également un héritage culturel précieux, tissant un lien profond entre la nature, l’homme et l’histoire des religions africaines. Bien au-delà des controverses, ces pratiques incarnent une mémoire vivante, une transmission de savoirs et de croyances qui méritent d’être préservées. Elles témoignent d’une spiritualité enracinée, d’un rapport unique au sacré et d’une vision du monde façonnée par des siècles de traditions. Conserver cet héritage, c’est protéger une part essentielle de l’identité culturelle africaine.